Pourquoi les régimes ne fonctionnent-ils pas?
Le 1er avril 2016, je partageais cet article que j’avais alors intitulé « Perdez vos kilos en trop en seulement 1 semaine ». Faire la promotion d’un régime miracle, un poisson d’avril qui a amené plusieurs milliers de lecteurs à mordre à l’hameçon. Je me suis alors demandé combien avaient lu l’article jusqu’à la fin, plutôt que de fermer rapidement la page après avoir constaté que je ne vous offrais pas réellement une solution rapide. On cherche toujours la facilité, et c’est normal. La vérité, c’est que l’industrie de la minceur profite de ça pour vider notre portefeuille à coup de régimes qui ne fonctionnent pas à long terme.
T’est-il déjà arrivé de t’imposer volontairement des restrictions ou des règles alimentaires dans le but de voir le chiffre diminuer sur la balance ? Peu importe la méthode, le principe est le même, pour perdre du poids, on diminue le nombre de calories qu’on consomme. Et qui dit régimes dit restrictions, mais notre corps trouve toujours un moyen de s’adapter aux changements qu’on lui impose. Je ne t’offre peut-être pas une solution miracle, mais si tu lis cet article jusqu’à la fin et je t’aurais peut-être convaincu de mettre fin aux régimes ou à toute autre forme de restrictions pour de bon.
Une perte… d’eau
La première chose à savoir est que lorsqu’on perd du poids, on ne perd pas seulement du gras. Lorsque notre corps manque d’énergie, il va puiser dans ses réserves. La première à être utilisée est le glycogène, une réserve d’énergie qui nous provient entre autres des glucides entreposés dans nos muscles et dans notre foie. Le gras, c’est une réserve d’énergie qui est utilisée à long terme et qui permet à notre corps de survivre au manque de nourriture. Lorsqu’on perd du poids, on perd du gras, une partie de notre masse musculaire et bien entendu, de l’eau, qui compose en grande partie nos muscles. C’est pourquoi notre poids peut chuter rapidement au début, alors que c’est en fait notre condition physique qui se dégrade.
Métabolisme
Nos muscles influencent grandement l’énergie ou les calories que notre corps dépense dans une journée. Plus on a une masse musculaire élevée, plus on dépense de l’énergie à ne rien faire. Évidemment, l’inverse est aussi vrai : une perte de masse musculaire risque de diminuer ta dépense énergétique quotidienne et cela aura des répercussions importantes sur le risque de reprendre le poids perdu par la suite.
Ce n’est pas tout ! Lorsqu’on suit un régime, on réduit la quantité de calories qu’on consomme dans une journée. Notre corps possède alors moins d’énergie pour faire les mêmes activités. À long terme, le manque d’énergie amène le corps à s’adapter. Il apprend donc à fonctionner en mode « économie d’énergie », comme quand ton cellulaire manque de batterie. On assiste alors à une diminution du métabolisme basal, c’est-à-dire l’énergie que notre corps dépense au repos.
« C’est de ma faute si j’ai repris du poids »
Lorsque tu retournes à une alimentation normale, après avoir terminé ou abandonné ce régime insoutenable, ton métabolisme de base demeure au ralenti, d’un coup que tu manquerais à nouveau de nourriture. L’énergie supplémentaire est donc mise en réserve. C’est ton corps qui se protège pour assurer sa survie, autrement, comment l’humain aurait survécu toutes ces années ?
Le métabolisme de base s’adapte, mais lentement. Ça explique pourquoi on reprend les kilos perdus, et parfois même plus. Les études démontrent même que 95 % des gens reprendront le poids perdu dans les 5 années suivant ledit régime. Ce n’est pas de ta faute si tu as repris du poids et ce n’est pas parce que ton régime a fonctionné au début que recommencer est une bonne idée. Se lancer à nouveau dans les restrictions ne fera que perpétuer ce cercle vicieux qui continue d’abaisser notre métabolisme au repos. Ce ralentissement rend malheureusement toute perte de poids futur beaucoup plus difficile. Mais ça, l’industrie des régimes ne te le dira pas, c’est comme ça qu’ils font de l’argent sur ton dos.
Des rages de sucre comme effet secondaire
Quand on s’impose un régime pour perdre du poids, on peut s’attendre à voir une augmentation des rages de sucre. Évidemment, ça s’ajoute aux facteurs qui t’amènent à tricher ou à abandonner ton régime. Encore une fois, ce n’est pas un manque de volonté à te contrôler. C’est physiologique. C’est ton corps qui te cri d’arrêter. Savais-tu que ton cerveau dépend uniquement des glucides pour bien fonctionner? En fait, à lui seul, il utiliserait près du quart des calories qu’on consomme chaque jour. Le priver de cette précieuse énergie peut amener de l’irritabilité, une difficulté à se concentrer, une fatigue, des étourdissements et c’est sans parler de cette barre de chocolat qu’on s’interdit de manger et à laquelle on pense toute la journée. Ce n’est pas simplement parce que tu as la dent sucrée que ces aliments sont aussi tentants.
Par exemple, si ton alimentation ne contient pas suffisamment de glucides, ton corps t’envoie des signaux bien définis pour combler ses besoins. Ça se traduit rarement en rage de brocoli comme il cherchera à combler rapidement le manque de glucides qu’il subit. Avez-vous déjà entendu quelque part que les restrictions mènent à l’excès? Une des raisons qui explique ce phénomène est que, plus les réserves d’énergie s’abaissent, plus ces signaux sont puissants et peut nous faire tomber dans les compulsions. Cependant, bien d’autres mécanismes tant psychologiques que physiques s’y ajoutent. J’aborde plus en détail certains d’entre eux dans les différents articles de mon blogue.
Ce qu’il faut retenir, c’est que tout changer d’un coup ne mène pas à des résultats durables à long terme. Le meilleur régime est celui que tu pourras maintenir indéfiniment et surtout avec plaisir. On a très peu de pouvoir sur le chiffre sur la balance, mais on a le pouvoir d’améliorer sa santé et son bien-être en adoptant de bonnes habitudes de vie. Tu n’es pas obligé d’avoir une alimentation parfaite demain matin. Lorsqu’on mange en écoutant ses besoins, notre corps nous ramène naturellement à son point d’équilibre et c’est mon travail de t’aider à trouver le tien.
Références
Mann, T., Tomiyama, A. J., Westling, E., Lew, A. M., Samuels, B., & Chatman, J. (2007). Medicare’s search for effective obesity treatments: diets are not the answer. American Psychologist, 62(3), 220.
Grodstein, F., Levine, C., Troy, L., Spencer, T., Colditz, G.A. et Stampfer, M.J. (1996). Three-year follow-up of participants in a commercial weight-loss program. Can you keep it off ? Archives of internal medicine, 156, 1302-1306.
Lau, D. C., Douketis, J. D., Morrison, K. M., et al. (2007). 2006 Canadian clinical practice guidelines on the management and prevention of obesity in adults and children [summary]. Canadian Medical Association Journal, 176(8), S1-S13.
Louise Turcot
01/01/2020 au 13:29Merci Caroline; j’ai relu attentivement cet article et ça m’a fait grand bien. Ayant fait des régimes restrictifs plusieurs fois, j’ai besoin de me faire répéter que je peux manger de tout sans prendre de poids.
Bonne et heureuse année.
Louise
Caroline
12/01/2020 au 13:27Ça fait plaisir et une bonne année à toi aussi !