Manger en pleine conscience, ça veut dire quoi?

Quand je parle aux gens autour de moi d’alimentation intuitive et de pleine conscience, ça rend souvent les gens sceptiques.

« Voir que je peux manger ce que je veux, sans me priver… »

« Juste à regarder une poutine, je prends du poids ».

Mais je les comprends !

Quand on a l’impression que contrôler son alimentation est essentiel, c’est normal de s’accrocher à sa croyance… jusqu’à ce qu’on expérimente le contraire. Et si tu prends le temps de lire ces quelques lignes, peut-être que tu y trouveras une façon positive de découvrir ton équilibre à toi.

Ça veut dire quoi, manger en pleine conscience ?

Pour bien t’expliquer c’est quoi « manger en pleine conscience », laisse-moi commencer par la base : la pleine conscience. Pour faire ça simple, disons que c’est simplement être dans le moment présent, sans jugement. C’est être conscient à la fois de ses pensées, de ses émotions, de ses sensations physiques et de son environnement, sans évaluer leur importance, sans tenter de les éviter ou de les modifier. C’est favoriser l’équilibre, le choix et l’acceptation de ce qui est présent.

Quand on applique ces grands principes de pleine conscience à notre assiette, on se permet de manger de tout, en respectant son corps et ses besoins. On reconnaît que ses expériences de manger soient uniques et on en savoure chaque bouchée. On prend conscience de l’impact de ses émotions sur son alimentation de même que l’impact de ses choix alimentaires sur sa santé, sur l’environnement, sur sa communauté, son bien-être et celui des autres êtres vivants.

 

Apprécier les opportunités positives de la sélection à la consommation des aliments

À une période de ma vie où je travaillais beaucoup trop, faire l’épicerie, planifier et préparer les repas étaient devenues de simples tâches, voire des corvées qui s’ajoutaient à tout ce que je devais accomplir dans une journée. Et dans ces moments-là où on se sent dépassé, c’est souvent de plus en plus difficile de prendre le temps de manger et d’apprécier ces moments privilégiés.

Puis, un jour, je me suis rendu compte que je n’allais pas plus vite à accomplir toutes ces tâches sans prendre le temps de respirer. Manger en pleine conscience, c’est se permettre de reconnaitre ces opportunités de façon positive, passant par la sélection, la préparation et la consommation des aliments en harmonie avec nos valeurs personnelles. Et changer mon attitude face à tout ce que je devais faire m’a permis d’apprécier de plus en plus cette chance que j’avais.

Plutôt que de voir ça comme une tâche qui gruge mon temps, j’ai choisi de voir ça comme une opportunité de prendre le temps. C’est maintenant devenu mon petit moment à moi !

 

Être à l’écoute de ses signaux de faim et de rassasiement

T’es-tu déjà demandé qu’est-ce qui t’amenait à manger au quotidien ? Parfois, c’est la faim, alors qu’à d’autres moments, on mange à des heures régulières sans trop se poser de questions. Midi arrive, c’est l’heure du diner… 

 Manger consciemment, c’est être attentif aux signaux internes que notre corps nous envoie et de ses besoins. Pour certains, ça veut aussi dire (ré) apprendre à reconnaitre ses signaux de faim et de rassasiement pour savoir quand manger et quand cesser de manger.

Manger en pleine conscience, c’est aussi distinguer la vraie faim de la fausse faim ou de l’envie de manger en réponse à une émotion, par exemple. Pour y arriver, il faut prendre le temps de s’écouter et d’être dans le moment présent (on se le rappelle, c’est la base).

 

Nourrir son corps et son esprit avec tous ses sens

Comment allier la santé, le bien-être et le plaisir de manger ? On a l’opportunité de choisir de manger des aliments qu’on aime et qui nourrissent notre corps en utilisant tous nos sens pour explorer, savourer et goûter.

Toutefois, lorsqu’on mange en présence de distractions, que ce soit devant la télévision ou en travaillant, notre attention est détournée de notre assiette. Alors qu’une partie de notre cerveau est occupé à ces distractions, il nous reste moins de ressources pour apprécier pleinement le craquement d’une chip sous la dent ou les belles couleurs de notre assiette. Notre satisfaction s’en retrouve affectée et résultat : on en redemande. Le mieux, c’est de savoir privilégier la qualité sur la quantité et de savoir l’apprécier pleinement.

 

Reconnaitre nos préférences alimentaires, sans jugement.

S’il y a une chose à retenir, c’est que la pleine conscience met de l’avant une attitude de non-jugements, que ce soit par rapport à nos pensées, nos émotions, nos comportements, mais également nos préférences alimentaires. Le simple fait de catégoriser les aliments comme étant bons ou mauvais ne fait qu’amener un sentiment de culpabilité au risque de voir disparaître toute forme de satisfaction. Pour maintenir une saine relation avec la nourriture, il faut se permettre de manger tous les aliments souhaités. Encore une fois, la clé c’est de privilégier la qualité sur la quantité. De quoi as-tu VRAIMENT envie ? Peu à peu, on apprend à reconnaître nos besoins et le sentiment de culpabilité fait place au plaisir de manger et à la satisfaction.

Donc la prochaine fois que tu as une irrésistible envie de manger un aliment, assume ton choix sans jugement et savoure chaque bouchée, zéro culpabilité ! Peut-être que tu prendras conscience que tu ne manges pas nécessairement plus en te permettant de t’écouter.

Y aller un repas à la fois…

À la lecture de ces quelques lignes, on pourrait croire que l’on ne mange pas toujours de la bonne façon, mais on passerait à côté de l’essentiel. Lorsqu’on mange consciemment, on reconnait qu’il n’y a pas de bonne ni de mauvaise façon de manger. Il y a seulement des degrés variables de conscience entourant l’expérience de la nourriture. En gros, pas de jugement !

Chose certaine, manger consciemment reste un apprentissage continu. On ne devient pas expert de l’écoute de ses signaux de faim ou de rassasiement en claquant des doigts, surtout lorsqu’on les a ignorés pendant plusieurs années. En étant chaque jour un peu plus conscient de notre alimentation, il devient possible d’identifier les raisons qui nous amènent à manger, d’être plus attentif à notre environnement, à nos réactions et aux signaux que notre corps nous envoie. Après quelque temps, ça nous permet de mieux comprendre les éléments déclencheurs de certains comportements observés comme manger en l’absence de faim, dépasser sa sensation de rassasiement ou encore manger pour combler une émotion. Ces évènements qui étaient autrefois des déclencheurs de pensées automatiques négatives, de culpabilité et de comportements nuisibles font place à une pleine conscience du moment présent, la neutralité et l’acceptation de soi. Miser sur la pleine conscience est une approche positive et bienveillante qui contribue au développement d’une saine relation avec la nourriture et d’une image corporelle positive.

 

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Références

The Center for Mindful Eating. tcme.org

Stewart, T.M., Light on body image treatment acceptance through mindfulness. Behavior Modification, 2004. 28(6) : p. 783-811.

Baer, R.A., Mindfulness training as a clinical intervention : A conceptual and empirical review. Clinical psychology: Science and practice, 2003. 10(2) : p. 125-143.

Gravel, K. Quelles sont les conséquences de catégoriser les aliments comme « bons » ou « mauvais »?. MonÉquilibre. 2015

Gravel, K. Manger avec sa tête ou selon ses sens : Perceptions et comportements alimentaires. Diss. Université Laval, 2013.

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