C’est l’heure de manger

Si ça fait quelque temps déjà que tu t’inities à l’alimentation intuitive, tu trouves peut-être que la routine familiale ou même que ton horaire de travail rendent compliqué l’écoute de tes signaux de faim et de rassasiement. On a parfois droit à heure de dîner bien précise pour manger. Certains emplois ne nous permettent pas de flexibilité quant à l’heure des pauses et on ne peut pas manger sur le plancher. On aimerait aussi manger en famille au souper, mais on n’a pas toujours faim à 17h30, quand c’est l’heure de manger pour les enfants. Je comprends que pour plusieurs, ça peut être un vrai casse-tête. Ici aussi, on jongle avec nos horaires tout le temps.

Pour cet article, je te partage quelques stratégies pour permettre à ton intuition de suivre ta routine. Parce que oui, c’est possible de manger en fonction de ce dont ton corps a besoin tout en suivant des heures préétablies pour certains repas. Ça demande un peu d’ajustement, d’observer comment ton corps utilise l’énergie de certains aliments, mais avec un peu de pratique, tu trouveras ton équilibre là-dedans.

Illustration © Elaillce – Alice Hosdain

Adapter le repas ou la collation juste avant

Tout d’abord, tu peux adapter le choix et la portion de ton repas précédent ou de ta collation en fonction de l’heure prévue pour ton repas. Par exemple, avec mon garçon, on soupe toujours entre 17h et 17h30, parce qu’ensuite, c’est bain, jeux et dodo. Si je commence à avoir faim vers 16h00, je vais tenter de choisir une collation qui me permettra d’avoir faim à nouveau à l’heure du souper. Ça, c’est la partie où ça va te demander d’être attentif à ton corps. Et au début, ça ne sera pas parfait. Ça n’a jamais besoin d’être parfait de toute façon.

Je précise un peu mon exemple. Si je mange mon habituel bol de yogourt avec mon granola aux noix, je n’aurai peut-être pas faim à 17h. Je peux donc choisir de prendre une moitié de banane, ou encore réduire ma portion de yogourt par rapport à ce que je prends d’habitude. Si tu ne prends pas toujours de collations, c’est peut-être la portion de ton dîner que tu devras ajuster. Et si tu n’as pas suffisamment mangé, tu peux toujours prendre une autre collation au besoin. Et non, tu n’es pas limité à une seule collation entre les repas.

S’adapter le repas suivant, tout simplement

S’il t’arrive d’arriver au moment où c’est l’heure de manger et que la faim n’est pas au rendez-vous, tu peux adapter la portion de ton assiette à ton niveau de faim actuel. Tu peux aussi en laisser dans ton assiette (je sais, c’est un gros défi pour certains, ça sera le sujet d’un prochain article). Pour réussir à adapter la portion de ton repas à ton niveau de faim, on doit d’abord défaire quelques croyances et pensées automatiques.

Le sentiment de privation

Je sais que parfois, une plus petite portion signifie pour toi restriction. Tu pourrais peut-être ne pas être satisfaite de ton repas, ou avoir peur d’en manquer, mais c’est faux. C’est les régimes qui nous ont amenés à penser comme ça. On a l’impression qu’il FAUT manger de plus petites portions pour gérer son poids, mais ce n’est vraiment pas ça. L’idée, c’est de te reconnecter au moment présent, et à ce dont ton corps a besoin ici et maintenant. Ta portion, elle peut varier en fonction de l’intensité de ta faim, tout le temps. Parfois tu mangeras plus, d’autres fois tu mangeras moins. Pas pour gérer ton poids, mais pour te sentir bien. Et si le besoin de manger se faisait ressentir plus vite que prévu, sache que tu as le droit de manger à nouveau quand la faim reviendra.

La peur de prendre du poids

On demeure parfois avec la crainte que manger en l’absence de faim, c’est mal. On a parfois peur de prendre du poids ou de ne pas manger parfaitement intuitivement. Je rappelle que tes signaux de faim et de rassasiement sont des repères. C’est impossible de manger en fonction de ceux-ci 100% du temps. Ça ne serait pas sain d’en faire de nouvelles règles alimentaires.

Ton corps sait qu’il a reçu de l’énergie, même s’il ne t’a rien demandé. Il est smart quand même ! Ton corps est aussi en mesure d’utiliser cette énergie-là. Il finira bien par en avoir besoin tôt ou tard. C’est faux de croire que le surplus d’énergie serait automatiquement mis en réserve sous forme de gras. Ça ne serait pas très efficace comme processus. Cette énergie est plutôt placée dans une réserve temporaire de ton foie et de tes muscles jusqu’à ce qu’elle soit utilisée. Tu peux même porter attention à ta faim, qui finira par revenir. C’est signe que tu as besoin de faire le plein d’énergie à nouveau. Lorsqu’on mange occasionnellement en l’absence de faim, mais qu’on mange en présence de faim à d’autres moments dans la journée, le corps arrive à garder l’équilibre en ajustant le moment ou la faim se fera ressentir et l’intensité de celle-ci.

Attention !

Cet article s’adresse à ceux et celles qui ressentent régulièrement la faim avant de manger et qui ont besoin de trucs pour s’ajuster à la routine. Il existe des situations où les signaux de faim ne sont pas au rendez-vous et ce n’est pas parce que ton corps n’a pas besoin d’énergie. Lorsqu’on est très concentré sur une tâche, il se peut qu’on passe à côté du signal. Celui-ci finit souvent par disparaître lorsqu’il n’est pas entendu. D’autres ne ressentent tout simplement pas la faim, soit parce que la fréquence à laquelle on mange est irrégulière, ou encore parce que trop longtemps, on a choisi de contrôler son alimentation plutôt que d’écouter son corps.

Dans tous les cas, si tu as des doutes quant à la fiabilité de ta faim, je te recommande de consulter une nutritionniste qui pourra t’aider à mieux comprendre tes signaux. Ces informations ne remplacent en aucun cas une consultation avec un professionnel de la santé. Pour des recommandations nutritionnelles en lien avec une condition particulière, vous pouvez utiliser mes services de consultation en nutrition ou trouver une nutritionniste près de chez vous sur le site de L’Ordre professionnel des diététistes du Québec.